La jeunesse...

La jeunesse éphémère


C’est au cœur de Paris par un après-midi pluvieux que j’ai réalisé que tu m’avais quittée. Ce n’était pas par manque d’amour que tu es parti, mais tout simplement par nécessité, car le temps était ton maître et tu n’osais pas lui désobéir. La joie et la confiance que tu me donnais n’étaient plus que des reflets d’antan et je regrettais la perte de cette énergie avec laquelle tu me portais autrefois.
Je marchai le long de la Seine et vis tomber les gouttes de ce liquide céleste sur la surface verdâtre, laissant des auréoles avant de disparaître dans ce cours d’eau qui les commandait. Sans toi je n’avais plus ce charme qui attirait les regards, cette grâce qui provoquait les soupirs d’admiration. Ta naïveté et ta curiosité au sujet de la vie me manquaient profondément. Le ciel versa les larmes qui ne coulaient plus sur mon visage depuis ton départ, car en ton absence j’étais devenue trop rigide pour laisser passer la moindre émotion. Chaque pas était pénible sans ton enthousiasme pour me guider et j’enviais les gens qui ne t’avaient pas encore perdue.
Tu t’es envolée avec le temps, emportant avec toi mes plus beaux souvenirs. Lorsque tu étais à mes côtés les jours s’étendaient à l’infini et il n’y avait rien de plus merveilleux que ces moments d’éternité. Tu m’a trahie en me faisant croire que c’était pour toujours, que le passage du temps n’était pas aussi rapide que mes aînés le prétendaient. Tu étais la lumière dans ma vie, l’éclat irréfutable de mon existence, le refuge de mon bonheur, la graine de ce que je suis devenu.
Je ne pouvais pas admettre que tu étais réellement partie, car sans toi la vie n’était plus comme avant. J’ai cru que je ne te retrouverais jamais, mais je sais maintenant que j’avais tort. Tu m’as quittée certes, mais il y a toujours une partie de toi qui demeure cachée à l’intérieur de ma personne et qui ne mourra jamais. Ma chère jeunesse, tu te mires encore dans mes souvenirs et ta beauté éternelle ne cessera jamais de m’éblouir.